Groupe de Liverpool qualifié de garage-blues, The Cubical sort avec ce Blood moon un excellent opus, aussi velouté qu’écorché. Loin de n’en être qu’à ses balbutiements, le quintet assure une variété de trames dont la texture attire l’attention. Cuivré avec soin (I want money), doté d’une voix éraillée de classe, racé tel un Nick Cave (l’ouverture de l’album avec ce All ain’t well de toute beauté, retenu) et fort de guitares qui défouraillent (I believe it when I love you), The Cubical joue sa partition avec passion.
Le rendu est fiévreux, musicalement distingué. L’éponyme Blood moon crache un blues sulfureux, on a aussi droit à des moments de douceur magnifique (In your eyes), soulignés avec relief par le chant de Dan Wilson. Les gars savent faire, ils remettent le couvert garage sur Con man 512 avec autant de mérite et de panache. On les suit avec délectation dans leurs embardées enflammées, on retombe en leur compagnie sur leurs instants plus posés (Whilst judas sleeps). On en apprécie le côté déjanté, dans la voix comme dans l’instrumentation. Le savoir-faire est audible (le canevas bluesy élégant de In the darkest corners). Blood moon est un album cohérent de bout en bout, équilibré, qui trouve son terme dans l’intensité avec un impeccable Shipwrecked 737, essai rock’n’roll cru et alerte.
The Cubical crée donc la surprise, ce sera le cas auprès des non-initiés, et confirmera sans peine, pour ceux qui le connaissaient déjà, ses nombreuses vertus. Le tout dans un créneau qui dégage autant de joliesse instrumentale que d’énergie débridée.