Entre rock lettré et rugueux, parfaite chronique sonore de notre époque (le Michel Cloup Duo), et post-rock aux soubresauts soniques, représentatif, lui, d’un Liban exploré par le groupe avant son excellent Al-‘An (Oiseaux-Tempête), l’affiche proposée ce jeudi soir par la Lune des Pirates était encore une fois de l’ordre de l’inratable.
Elle a bien entendu largement tenu son rang, avec dans un premier temps une paire Cloup-Rufié soudée et acérée, remarquable tant dans ses élans lyriques que dans ses nombreuses incartades sauvages. Le toulousain, depuis Diabologum, s’est attaché à dépeindre, avec justesse et dans une certaine accessibilité, l’existence et les aléas qui la jalonnent. En résulte une palanquée d’opus irréprochables dont le petit dernier, Ici et là-bas, abrasif et de haute volée, soutint de façon dominante et particulièrement efficiente le set du jour. Avec ce musicien aguerri au possible, modeste et authentique, rude autant que subtil, c’est en effet l’assurance d’un moment marquant, d’une collection de chansons dont le parlé-chanté asseyent le style et qui font, de plus, du bien à l’âme.
Prestation impeccable donc, c’est ce que l’on attendait, avant l’embarquement en compagnie de Oiseaux-Tempête qui, pour le coup, comptait dans ses rangs, excusez du peu, Mondkopf et G.W. Sok de The Ex. Son concert n’en fut que plus racé encore, entre les trames tourmentées, splendides et écorchées, des exécutants, et les déclamations du Hollandais. Merveilleuse retranscription d’un disque prenant, projections à l’appui, et la preuve que les sévèrement doués Frédéric D.Oberland et Stéphane Pigneul, inlassables activistes-défricheurs de notre scène, réussissent des prouesses dans un domaine exigeant, loin des courbettes à la normalité. Le tout pour un voyage sonore à la fois élégant et orageux, volcanique, aux allures de moment privilégié.
Photos William Dumont.