On le sait, la « Lune » nous réserve régulièrement des surprises à tomber par terre et cette fois, ce sont les belges de Warhaus, projet instigué par Maarten Devoldere de Balthazar, qui ont embrasé l’espace lunaire. Le chemin ayant été déblayé avec panache par la pop-surf de Juniore, quatuor parisien d’obédience surf/60’s/pop frenchie au jeu soigné, serti de guitares racées. Mélancolique ou plus énergique, Juniore s’inscrit autant dans le passé que dans l’actuel, et fait figure de belle promesse hexagonale, avec l’apport d’un féminisme qu’on ne peut que prendre en compte.
Belle ouverture, c’est incontestable, avant la splendeur d’un Warhaus qui, scéniquement, transcende et exalte les morceaux de son album, We fucked a flame into being. Entre Nick Cave pour la classe vénéneuse, Tom Waits pour le panel sonore et Deus pour les excès soniques, le projet belge fait feu de tout son. Guitares qui dérapent jouissivement, chant à la Cohen au ressenti palpable, giclées de cuivres enivrants et énergie ébouriffante greffée à des plages à priori, au départ, feutrées; Warhaus retourne la Lune, ni plus ni moins. Des contorsions féminines sensuelles, la pluralité des chants aussi, renforçant un live à l’impact inattendu, remarquable. L’humour du leader, son côté « hanté » étayent une performance déjà de haute volée, le tout avec une élégance qui laisse place, de façon récurrente, à des embardées aussi belles que sauvages. Le set est en toute logique acclamé et plébiscité, on chante et applaudit pour l’anniversaire du petit frère de Maarten et, au delà de ça, pour une prestation à classer dans le rayon des « mémorables ». Entre jazz sulfureux, pop classieuse et rock débridé émaillé de fréquentes sorties de route. Excellentissime.
Photos William Dumont.