Trio berlinois, The Somnambulist honore l’avant-garde liée à ladite ville en expérimentant tous azimuts sur son troisième effort, ce Quantum porn dérangé et passionnant.
Dans un fatras digne de Zappa, les Allemands ne choisissent aucune direction précise, débutent par un Transverberate à la fois funky, électro, noise et climatique. Gros riffs, voix dingue, clarté et assauts débridés, on ose tout et on laboure ses propres terres. C’est là que réside la force d’une telle formation; ne rien s’interdire, aller à l’aventure sans toiture et, au bout du compte, captiver son monde. Ceci dans un groove démoniaque (Deeply unutterable & unimpressed), tordu mais mélodieux, qui sait aussi se poser et faire dans le jazzy classieux (The unmanned song), ou, l’instant suivant, bâtir une trame poppy diablement séduisante (Unbegotten). L’essai s’étend sur pas moins de seize morceaux, les gaziers prennent plaisir à brouiller les pistes, à faire dans le funk taré-explosif (Goddamnland), c’est un festival qu’ils réalisent avec ce disque à la folie bienfaisante et communicative. On n’en extirpera aucun morceau, il s’agit là d’un tout barré sans arrêt, inspiré et exigeant.
Funky à nouveau, dans la démence, sur The slowing clock ou A ten thousand miles long suicide note, plus « pop » mais tout aussi dingue avec Ronald Stark, The Somnambulist mérite qu’on s’attarde à chacune de ses plages, dans le délire sonique (Resume where God has stopped) comme dans le rentre-dedans mastoc (Sourf). Il fait la nique aux conventions, dresse un édifice bluesy sulfureux (Ultramarine blues), psyché sonique (The sience of hidden purpose) et garage/lo-fi azimuté (Revolution in yr tongue), puis pose le jeu avec Green ice, morceau terminal posé, serein…avant une fin bien plus percutante. Unique.