Trio d’Oakland, Dealer malaxe grunge, noise et métal sur ce premier long jet puissant et massif, traversé de solos de guitare courts mais percutants (Odious charm, par exemple). Ce Billionaire boys club le voit jouer en rangs serrés, alterner le leste et les escapades rythmiques (ce même morceau), et le riffing puissant d’AM gold, en ouverture, aura déjà planté le décor.
Derrière une pochette qui les représente en train de boulotter des glaces, les mecs défouraillent et ne se font pas prier pour envoyer la sauce. Ils le font bien, incluent quelques brèves mélodies qui font respirer le tout et retombent sur leurs pattes au beau milieu d’un bien bon chaos sonore. Noisy sur Slur, celui-ci se tempère peu, reste dans le rouge et dans l’intensité. En imbriquant plusieurs genres, Dealer arrive à un amalgame cohérent, balourde des parties incendiaires (Total horse, court et frontal). Le chant est déchiré, éructé, devient l’espace d’un instant plus nuancé (She’s as beautiful as a foot). On trouve là de nombreuses raisons de se réjouir; Stone freak en fait partie, à mi-chemin entre lourdeur et vitesse. Techniquement, le leader Kevin fait même preuve d’un certain brio avec ses grattes qui mettent le feu sur leurs incursions.
Dealer n’offre que peu de répit, l’écoute intégrale peut être éprouvante mais réserve son lot de bonnes surprises, d’insoumission sonique à l’image de ce Fester qui louche du côté du métal sans toutefois y appartenir à part entière. La tension ne retombera pas, le pavé In the flesh et l’ultime morceau, un Cake walk fonceur, la maintenant à un niveau élevé en même temps qu’ils distinguent un groupe performant, original même de par sa démarche à la croisée des styles.