Trio de Chicago, The Poison Arrows sort avec No known note son troisième album. On y retrouve, avec bonheur, ses ambiances froides et son chant marquant, ses secousses rythmiques obsédantes (That window is closed), ses accélérations soudaines, un peu à tous les étages et toujours judicieusement placées. Ses plans math-cold le rendent unique, lui confèrent du cachet et font l’attrait de ce disque brillant, obscur aussi, où intervient Scott McCloud (Girls Against Boys) sur le trépidant Stuck on screen, noisy à la Sonic Youth et illuminé évidemment par le timbre de ce chanteur singulier à la voix éraillée.
Huit titres suffisent à créer une accroche qui s’inscrira dans le temps. Le mastering de Bob Weston en sert l’intérêt, et on s’entichera bien vite des atmosphères agitées caractéristiques du groupe. Celles-ci sont plantées dès les premières notes addictives d’ Augmented algorithm, morceau inaugural subtil-bourru du plus bel effet. L’alchimie entre les trois musiciens est évidente, les interventions extérieures pertinentes, tant et si bien qu’on ne trouvera rien à redire à l’oeuvre en présence, à ses stridences, ses sonorités décisives et sa coloration désormais reconnaissable. Derailmentship se fait leste, l’impact n’en est pas moins prégnant. No known note est un opus majeur et n’incluant aucun temps faible. On arrive, ici, à groover dans la déviance, à instaurer des mélodies brillantes prises dans une toile sombre. L’identité est affirmée, on se réjouit, sur la fin, d’un saccadé No known note (part I). Celui-ci, bizarrement, intervient après sa Part II, placée pour le coup en seconde position sur le disque et dont le déroulé lancinant, les lentes déferlantes noisy lui valent de marquer l’auditeur, à l’instar d’ailleurs du contenu général.
Ce dernier trouve son terme avec un titre à rallonge, The first the last and the first thing you need. Une ultime pépite marquée par le post-rock, aux humeurs changeantes teintées de sons complètement captivants, dont la répétition accroît l’intérêt d’un album de haute volée.