Tiens donc, ces mecs furent Bow Low, que j’eus l’occasion de suradorer en live, dans ma bonne ville amienoise. Ils ont depuis formé Cannibale, se marrant à mêler garage et élans caribéens, incrustes africaines et embardées « orgue-anisées » (Mama). Et sortant, avec cette savoureuse matière, un album appelé No mercy for love. Un opus complètement à part, sorti chez Born Bad -gage de singularité-, qui dépayse et marie, tel un premier magistrat de commune avec deux citoyens, parties aériennes et plages plus sauvages.
On y est bien sûr déboussolé, c’est le but, on s’y perd mais pas vers n’importe quelle destination. Non, ici c’est le trip sonique, le groove foutraque et inédit (l’éponyme No mercy for love) qui bringuebale son auditoire. On se croirait par moments, du point de vue de la démarche, chez The Ex. Un penchant sixties vient pailleter le tout, le chant se fait classieux (Choppy night). Carribean dream porte bien son nom, finaud et dansant, Diabolic prank s’appuie sur cette même prestance vocale et instrumentale pour enfoncer le clou d’un genre novateur. L’exotisme est dominant, mais jamais conçu au hasard. Résultat d’une rigoureuse procédure, il revêt différents atours, fait dans la vivacité (Rays of light), saccade et s’envole, s’élève sous le joug des claviers (Speck of dust). Ceux-ci, déterminants, animent également, à l’unisson avec des guitares subtiles, le sautillant Caterpillar, bien moins leste que son nom le laisserait présager. La sarabande va s’étaler sur treize titres, passé la dizaine ils n’auront pas même la mauvaise idée de perdre en intérêt.
Au contraire, Rythm of fire réitérera des encarts tribaux, des sonorités encore rarement entendues. Three minute god optera pour une option garage, toujours teintée d’instants dépaysants. Puis Hoodoo me jouera une sorte de psych-folk des îles, pour valider les nombreuses bonnes idées de ces Cannibale dont on dévorera l’oeuvre en présence.