Duo claviers-batterie basé entre Amsterdam et Tel Aviv, Hexenschuss inclut le « machiniste » Gil Luz et le batteur Assi Weitz qui, ensemble, composent des instrumentaux aussi bien kraut que cosmiques ou post-rock, parfois, de par leurs atours. Des samples de guitare épicent par ailleurs le tout, et cet album intitulé Gobbledegook. On peut y faire dans le spatial agité (Pig, Capital pledge), après un début assez asséné, post-punk, des plus probants (Are you multifocal), et on se plait à ouvrir son horizon, jamais restreint soniquement et encore moins du point de vue des climats créés.
Pour un deuxième album, la patte du duo est déjà posée et prégnante. On ne s’ennuie jamais, l’inventivité d’Hexenschuss en termes de sonorités, d’options rythmiques, faisant la différence. Répétition d’atmosphères prenantes et recours à des sonorités dépolies parfont l’identité du projet, singulier, sans normes mis à part celles qu’il façonne lui-même. Il groove lourdement (Das bus), impose ses saccades (Fakakt). Il dépayse même (Flyting words), installe des pulsions kraut et signe un opus n’ayant que peu d’équivalents dans la démarche comme dans le rendu. Il s’apaise joliment (NGenerator), balance une électro ombrageuse (Insert), se veut en tous les cas libre. L’auditeur y navigue entre les genres, parfaitement « complémentarisés » par cette paire performante. Le format tout instru n’est pas gênant, compensé qu’il est par la qualité incontestable de l’album, qui se montre de plus fourni avec ses treize titres au compteur.
Il s’achève d’ailleurs bien, suivant un Leftfield à la fois massif et brumeux, qui suit un procédé expérimental, pour trouver son terme au son de Schlafsysteme, insidieux, aux relents psyché insistants, lui aussi des plus fréquentables.