Duo stéphanois irrévérencieux, Schlaasss allie Charlie Dirty Duran et Daddy Schwartz qui ensemble pratiquent un hip-hop au groove électro, dont la particularité est de parcourir, au travers du délire des deux acolytes, un panel large.
La dérision est de mise, on y singe le parler « de périphérie » avec dextérité (No drog yourself), le rythme y embarque aisément l’auditeur (Triste artiste). Kiki, en ouverture, ouvre l’antre d’un univers barré, déviant et inspiré. Relents dub, nappage électro, phrasés dingues et cependant dignes d’intérêt dans le contenu, la méthode est personnelle et ici très porteuse. Noenoeil, Tue la tête et nombre d’autres compositions font dans le loufoque, provoquent des hochements de tête, imposent des atmosphères sombres et délirantes. Avec un tel rendu, Schlaasss se démarque indéniablement. L’opposition entre les voix est marquante, complémentaire (Pupute). Derrière une prétendue attitude désinvolte, la paire issue du Forez donne matière à réflexion et suscite l’intérêt. Quelques traits rock surlignent son oeuvre, également et à de rares endroits teintée de r’n’b (Thug Lilith).
De l’étrangeté pensée, voilà ce à quoi s’adonne Schlaasss. Il le fait de manière ouverte et musicalement aboutie, sans jamais surcharger son discours. Nanarchie fait bouillir le dancefloor, groove sévèrement. Comme chez Stupeflip ou Sexy Sushi, on prend des chemins de traverse sans s’y perdre, on fait rire aussi (« Toujours ça qu’les Boches n’auront pas » sur Requiem), on balance du son en spirale (Ordo ab chao). C’est bon tout ça, ça se consomme sans faim et ça sert, aussi, d’exutoire. On peut faire dans le plus « sucré » (l’excellent Bisous), ça reste probant. L’aventure prendra fin sur Philippe le dauphin, taillé dans un hip-hop leste, et mérite de toute évidence sa brouettée d’auditions.