Bien que légèrement datée (l’album date de l’été 2016), cette chronique du nouveau Dinosaur Jr, Give a glimpse of what yer not, s’imposait à plus d’un titre. D’abord pour son excellence, celle de tous les albums sortis depuis la reformation du trio originel en 2007 pour Beyond, mais aussi pour la longévité d’un groupe qui réussit la prouesse, dans un créneau noisy-pop dont il est l’un des étalons, d’égaler le niveau d’un Neil Young option électrique.
Entre mélodies geignardes, dérapages bruitistes et rythmes souvent vifs, Dinosaur Jr et son leader Jay Mascis impressionnent par leur capacité à écraser la concurrence, à dresser un mur du son qui parfois s’adoucit (Love is…). La plupart du temps, on s’en plaindra peu ou prou, le discours est soutenu, bourru, les guitares bavardes, jouées avec la dextérité d’un Mascis aussi virtuose qu’il paraît désinvolte dans son attitude. C’est à nouveau un grand cru, digne d’un Farm, que nous servent les Amerloques. Après 30 ans d’exercice, on ne s’en étonnera pas mais rares, tout de même, sont les groupes qui assurent après tant de vécu commun. Dinosaur Jr ne s’essouffle pas, loin s’en faut. Il fait du Dinosaur Jr, surprend même tellement il se montre ici vigoureux. L’amorce (Goin down, Tiny puis Be a part, tous de haute volée) est imparable, des morceaux plus lestes tel I walk for miles participent aux festivités. Une belle clarté pop fait briller Lost all day, la patte « Dinosaur » est définitivement posée. Jay, Lou et Murph semblent, avec l’âge, gagner en cohérence. Ils peuvent ainsi s’adoucir sur Knocked around, la messe noisy est dite. Elle s’achèvera avec la noisy-pop « maison » de Mirror, caractérielle, orageuse, et ce Left/Right issu du même tonneau. C’est tout simplement un sans faute que le combo d’Amherst réussit depuis sa réapparition, tout sauf insignifiante, en 2005.