Jusqu’alors versatiles, stylistiquement, dans leurs sorties, les montréalais de Chocolat honorent cette démarche libre avec Rencontrer Looloo, qualifié de « hardo-franco-prog » aux atours punk et folk.
Après le rock’n’roll frontal des débuts, les abords soignés de Piano élégant (2008) et un Tss tss (2014) au psyché kraut synonyme de reconnaissance plus poussée, on demeure libre dans l’orientation, on fait dans l’humour psyché avec un finaud On est meilleurs qu’ R.E.M. en amorce. Un joli morceau aérien, léger, avant que ne retentissent les riffs d’un tubesque Ah ouin, fait d’un rock vif et dopé par un sax tranchant. Chocolat démontre déjà qu’il se veut inclassable et, au delà de ça, charme d’emblée de par son rendu impeccable.
Ainsi, on croit entendre du rock métal d’antan sur Golden age, en son début. Puis on s’embarque dans un délire qui, s’il tutoie effectivement le genre, est aussi progressif, appuyé, psyché en certains endroits. Les pyramides est plus délié et tout aussi prenant. Vif et saccadé, spatial aussi, zébré de sons mordants, il illustre agilement l’absence de limites d’un groupe décidément doué, exigeant certes mais notable. Le rock’n’roll furieux de Retrouver Looloo réjouit ensuite son monde, direct et riffant, sans atermoiements, joué avec entrain et sans détours.
On n’en reste pas là, Koyaanisqatsi (apparition) est lui bien plus climatique, inquiétant également de par son fond troublé, attrayant par le biais de sonorités répétées. Looloo flirte ensuite avec une pop psyché racée, gentiment acidulée, qui soudain s’emballe et devient bien plus offensive; il est bon ce Chocolat, on s’en met plein les écoutilles. Mars est poppy, acidulé avec soin, Les géants rock en diable. Voilà un album dont on s’entichera vite, renforcé en sa fin par Le faucon, le chacal et levaisseau spatial, prog agité/raffiné de premier ordre, puis Les mésanges et sa finesse instrumentale, sa délicatesse qui tranche joliment avec les instants plus enragés audibles par ailleurs.