Après un premier album (2015) taillé dans un rock instrumental singulier, L’Effondras part s’isoler au fin fond du parc des Cévennes pour enregistrer Les flavescences, second essai décrit comme plus lumineux, plus « confiant » que le premier jet du trio de Bourg en Bresse.
A l’écoute des quatre morceaux qui le forment, on est d’emblée saisi par l’impact et la puissance de l’instrumentation, où noise et post-rock s’accouplent et ne desserrent l’étreinte que brièvement. De longue durée, les essais cognent, balourdent des riffs de titans et imposent leur irrésistible lourdeur, jamais lourde justement. Des accalmies surviennent, elles maintiennent une certaine tension (Lux furiosa). La longueur des morceaux n’a aucun effet négatif sur l’accroche qu’ils exercent, loin de là. L’album est un exutoire, exigeant mais passionnant. Le dialogue entre les deux guitares et la batterie y est âpre, tendu, et réserve quelques instants de pure beauté (Phalène, merveilleux). Ceci après Les rayons de cendre, premier titre cinglant dont émanent, trouant la force du propos, de superbes traits de lumière.
Voilà pour les titres de durée « modeste » comparativement à Le serpentaire, ultime effort tutoyant les 35 minutes. Une terminaison puissamment hypnotique, furieuse, qui pose le jeu en sa moitié et à intervalles réguliers pour ensuite imposer, à nouveau, ses plans répétés jusqu’à engendrer une forme de dépendance. On y entend même, passé les 20 minutes, des chants d’oiseaux audibles sur de longues minutes, en final apaisé et apaisant d’un disque magistral dans son dosage entre coups de semonce et instants plus modérés.