Grenoblois, évoluant depuis 1992, Owun a connu depuis plusieurs évolutions, tant dans le line-up que musicalement parlant. Il n’en reste pas moins aventureux et insoumis et sous la forme d’un trio, il nous livre aujourd’hui ce 2.5 de haute volée d’obédience noise, expérimental, frontal et nuancé.
La répétition de ses sons (All of us), sa sauvagerie directe ou plus rentrée, son groove dépaysant en font un must. Il transporte dès i.a, qui ouvre le bal de manière répétée et obsessionnelle. Ici on bricole, on part à l’aventure, on crée du son inédit. Le rendu évoque Ulan Bator pour ses penchants libres, sa versatilité pertinente. Foul, noisy et saccadé, illustre bien la démarche d’Owun. Tom tombe, spatial et songeur, se pare de sons encore une fois entêtants, devient d’un coup plus colérique puis retombe dans un apaisement dérangé. Araignée est lui ombrageux, doté d’effluves jazzy plus grises que bleues. Le trio maîtrise parfaitement l’art d’élaborer des climats singuliers, prenants, aux voix étranges.
Dans le registre dur et ouvertement noise, Frost tire son épingle du jeu. Orange opte pour une trame psyché de toute beauté, les contrastes sont ici de mise et ne dénaturent pas le résultat. Au contraire, ils constituent la marque de fabrique du groupe, soulignent son esprit éloigné des règles habituelles. Les riffs crus et puissants de Post se font alors entendre; on a à faire, ici, à de la noise pure et dure.
Enfin, Raison marie noirceur et sonorités plus lumineuses, à la fois fin et sous-tendu. On note l’excellence des motifs sonores, l’étrangeté de l’atmosphère et, au delà de ces deux atouts de poids, la vertu d’un album sans lois.