Sans cesse grandissant et de plus en plus attractif, le Winter Groove abbevillois accueillait ce jeudi soir Christophe, icône s’il en est de la chanson française. Affiche à bien vite cocher évidemment, précédée par L’Autre Tien, duo où l’on retrouve le local Laurent Briet avec ses trames poétiques poppy et doucereuses délicatement nappées d’électro.
Après cette ouverture de qualité, plaisante bien que prudente, encore, dans l’attitude, un Christophe à la présence envoûtante investit les planches abbevilloises, et le joli cadre d’un théâtre municipal au cachet certain, pour y jouer les morceaux de son dernier album, Les vestiges du chaos. S’il a pris de l’âge -on le distingue d’ailleurs avec peine sous un éclairage plutôt diffus, cependant remarquable-, l’auteur d’Aline et des Mots bleus impose une aura, un registre d’emblée reconnaissable. Son répertoire s’étoffe de sons électro, des pointes rock s’y greffent également et son chant sensible fait effet. La salle est conquise, ses mélopées Définitivement, comme le dit le premier titre de son dernier opus, accrocheuses, teintées d’une poésie évocatrice, font mouche. L’univers est bien évidemment « maison », intimiste. Les mots fous se substituent aux Mots bleus, une voix féminine classieuse fait par instants écho à celle de la légende, dont les Vestiges du chaos dévoilent des décors musicaux ombrageux sacrément attrayants. A d’autres moments, piano et voix suffisent à le distinguer, puis on profite d’embardées plus encanaillées comme sur, superbe choix, une cover du Tangerine d’Alan Vega ou le non moins bon Stella botox. La patte Christophe semble même, avec le temps et hors des légendaires chansons citées en début d’article, s’être étendue, avoir gagné, encore, en ampleur et en impact.
On ne peut que s’en réjouir et de ce Chaos d’une presque fin de semaine, nous garderons des Vestiges qui donnent le vertige, à la fois dansants et désabusés, doucereux et enlevés.
Photos William Dumont