Venu de Pau, chantant en Occitan, Artús porte un nom issu du celtique et signifiant Ours. L’animal est donc le sujet de ce nouvel album appelé Ors aux cinq titres uniques, d’une durée étendue, générés par un collectif visiblement très à l’aise dans l’expérimentation qu’il met en place et l’utilisation d’une instrumentation autant actuelle que redevable à « l’antan » (vielle à roue, tambourin à cordes etc…).
Fiévreux et mystique, habité, le disque débute par Desvelh, aux guitares tranchantes qu’accompagnent joliment ces instruments moins conventionnels. Le propos est bourru mais de classe, marqué par l’identité locale. A aucun moment conventionnel, il envoûte et secoue, malmène puis apaise sur ses accalmies, toutefois sous-tendues, un auditeur qui bien vite comprendra qu’il se trouve là en possession d’un rendu sans réel équivalent. L’impact des chansons est renforcé par leur longueur et celle-ci n’entrave pas la valeur du labeur. Ors est de plus dépaysant, porté, aussi, par des chants presque incantatoires.
Sur Chasse party, l’amorce est magnifiée par ce côté mystique, tribal et festif. Le résultat est rugueux, colérique, fiévreux. La hola lui succède en montant doucement en intensité sous l’impulsion de cette mixture personnelle, jouée aujourd’hui avec l’esprit d’hier. Il va de soi qu’Ors n’est pas un disque immédiatement abordable. Sa liberté de ton, son positionnement au mitan des époques, son alternance fièvre-mélodie exigent qu’on y revienne. Aurost impose alors sa force, ses griffures instrumentales, ses répits plus posés. Il y a dans l’album décrit en ces lignes un caractère tribal audible, qui transporte, et un réel attachement, porteur, à l’histoire locale. L’ors Dominique peut alors mettre fin à l’ouvrage; il le fait en mariant magnifiquement les différents ingrédients qui constituent la potion d’Artús, suivant une énergie tour à tour débridée, saccadée, modérée et sans que le procédé ne sonne, loin s’en faut, faux ou forcé.