Originaire du Wisconsin, William Z. Villain pratique ce que son site décrit comme des « bizzarre ballads from beyond ». Avec sa National Resonator aménagée pour porter huit cordes, il oscille entre gypsy jazz, rebetiko, blues et musique afro-cubaine…pour faire court.
En malaxant tout cela, le bonhomme obtient un rendu génial et passionnant, restitué par cet opus trépidant, joué de façon rude et à l’arrache mais dans la maîtrise (Spike my brain). On se situe en effet à la croisée de courants divers, la voix est aiguë, des encarts dépaysants contribuent à la valeur, imparable, de la dizaine de morceaux qui nous sont offerts. La singularité est donc de mise, le contenu haut en couleurs et diablement inspiré. La base est blues mais s’accompagne régulièrement d’autres atours. Villain peut faire dans la légèreté possédée (Anybody gonna move), bricoler un blues’n’roll saccadé au débit vocal quasi hip-hop en son début (Tippy tippy top (The Unspector Cluzo)), tout lui réussit. Ses essais sont assez courts pour laisser une empreinte (Clave (We had clavbligations)), assez tordus pour convaincre et distinguer leur créateur.
Ce dernier est versatile d’un point de vue stylistique, fin et fougueux, dispersé et pourtant entièrement pertinent. Il trouve des sons de folie, allie rude et ouaté (No friend of mine), installe un registre volontairement dépoli. Le genre ainsi enfanté est indéfinissable de façon précise, vire africain sur quelques instants (EF-TA), se fait porter par des accents funky, tournoie, perd l’équilibre et retombe sur ses notes. Break exhale un blues finaud mais sans fard, Home termine le boulot en montant bien haut sous l’impulsion d’un chant une fois de plus remarquable, d’un fond instrumental classieux et subtil. L’affaire est pliée et on tient là, c’est fréquent chez Normandeep Blues Records, une trouvaille à faire valoir sans la moindre hésitation.