A l’image du label underground brestois auquel il appartient (L’Eglise de la Petite Folie), Garden with lips suit sa propre voie, alliant beauté et déviance, normalité toute relative et expérimentation accessible, avec panache.
On le remarque sur ce La vie de court…court mais probant, dont les gimmicks sonores initiaux (Polyandre) font déjà la différence, alliés à des bruitages malins. La finesse de la musique, la sensibilité de la voix font elles aussi leur effet. Gildas Secretin parvient, sur ce troisième album, à jeter un ombrage élégant sur ses compositions, douces-amères, indé, troussées avec un savoir-faire « maison » qui bluffe. 20 octobre transforme l’essai avec sa pop-folk vive valorisée par le verbe du bonhomme. L’identité est indéniable. La lo-fi charmeuse et impolie de Garden with lips séduit, agrémentée, de plus, par les voix de Céline Le Fur et Laetitia Velma. On pense à The Notwist pour cette multitude de trouvailles sonores, ce côté « bricolo » inspiré.
A l’arrivée, le domaine propre à notre homme est d’ailleurs difficile à ranger de façon précise, comme le sont beaucoup d’oeuvres délibérément individuelles. On s’y attache, ses sons et atmosphères (De temps en temps), son intimisme aussi, nous y invitent. Voilà un disque authentique, sans tricherie ni artifice, qui fleure bon la sincérité. A mi-chemin se confirment les qualités, à renfort d’encarts électro et de guitares probantes, de l’ensemble. Celui-ci tiendra ses promesses sans faillir, achevant sa route sur Le soleil. Un ultime essai folk/lo-fi posé, qui met donc fin à La vie de court après d’autres chansons plus enlevées (Carole, L’adolescence et sa superbe instrumentation).