Pour son nouvel album, ce Good bien nommé, Rodolphe Burger oeuvre avec Christophe Calpini. Les deux hommes ont pour point commun le regretté Bashung, aux travaux duquel ils ont autrefois contribué.
De leur union naît donc un douzaine de titres magiques, feutrés, parfois plus nerveux, menaçants, sans y perdre de leur classe (Hard times). On y reconnaît la touche classieuse, lettrée, de Burger, son chant délicat, ses étoffes soignées. L’éponyme Good en fait état avec brio et le duo, entre blues, rock et électro, en s’en tenant à un certain minimalisme qui ne l’empêche pas de remplir l’espace, fait mouche. Les décors sonores sont magnifiques (l’orgue de Happy hour), les climats s’encanaillent, menacent de rompre. La voix, l’usage du Français, son timbre, son verbe; tout est réuni, une fois de plus, pour asseoir l’identité, si besoin était, d’un vétéran qui n’a de toute façon plus grand-chose à démontrer si ce n’est sa continuité dans l’excellence. Musicalement, l’ouvrage est prenant, tissé avec passion et à l’unisson. Entre son Kat Onoma « d’antan » et la finesse vénéneuse d’un Bashung, justement, la posture est affirmée.
Comme dit plus haut, des encarts fiévreux (le flamboyant Fx of love) accompagnent des trames posées, les deux se mêlant par ailleurs souvent (Rien et personne). L’Allemand s’invite, couplé à l’Anglais (An der Lili), le recours à des langages multiples accentuant la portée du disque. A l’instar, d’ailleurs, de ces quelques voix invitées dont celle de Sarah Murcia. Un Painkiller massif, bruitiste et velouté dans le même temps, amorce une fin d’album qui ne dénoté pas, si ce n’est dans le son ou plutôt dans la méthode employée, jamais directement conventionnelle. Waste land souffle un blues obscur et en conclusion, Lenz fait de même, passionnant de par sa trame narrative à l’image du précieux artiste, et de son acolyte, qui l’élaborent.