Une semaine précisément après Metro Verlaine et Black Honey, la Lune des Pirates avait à l’affiche une soirée à nouveau somptueuse. Avec la psych-pop de Holy Oysters et la pop lo-fi de Requin Chagrin, c’était en effet deux pépites dénichées dans l’hexagone qui se faisaient valoir. Inconcevable donc, pour tout défricheur avide de découverte, de rater l’événement.
Requin Chagrin, avec les impeccables morceaux de son « first album », se mettant d’emblée en évidence. Entre lo-fi donc, touches surf et titres Pixiens, Marion Brunetto et ses pairs musiciens posent leur patte et imposent leur touche, originale. Largement assez, d’ailleurs, pour ne pas être assimilés de façon directe à tel ou tel groupe ou courant. Le groupe a par ailleurs la bonne idée de varier les climats, ici modérés, à d’autres moments appuyés à souhait, et fait preuve de goût dans l’ornement de ses chansons. C’est, de plus et pour finir, entraînant et euphorisant, stylé façon « new french pop ».
Le Chagrin n’est donc pas de mise; la joie lui fait place, teintée d’une légère mélancolie. Holy Oysters débarque alors et va prolonger joliment la soirée, dans une veine pop psyché étayée par des claviers judicieux. Là encore, on peut faire dans l’offensif comme dans le plus spatial, l’apport personnel est de rigueur. Bien loin de copier ou de plagier, on crée, on se met au service d’une investigation singulière. La rythmique instaure des soubresauts, on fait des loopings sous le joug des synthés et les guitares pimentent le tout, dans des registres divers et dans la cohérence. Un chant mélodieux se greffe à l’ensemble et force est de constater, une fois la sauce montée, qu’on tient là et derechef une belle perle. Logique pour des Huitres Sacrées, me direz-vous, mais en tous les cas réjouissant, en conclusion d’un temps lunaire, c’est désormais une habitude, sans défauts.
Photos William Dumont