La soeur, –Pauline, petite boule de nerfs aussi charmante qu’énervée-, le frère –Romain, cogneur touche à tout comme sa soeurette-. C’est Ropoporose, une paire qui, un soir de concert débridé à l’Ouvre-Boite de Beauvais, me mit sur le cul. Et qui, après son excellent Elephant love sorti en 2015, récidive de façon peut-être plus brillante encore.
Avec ces deux-là, on est dans l’indé et on joue pas aux dés. On lorgne vers Blonde Redhead (un délicieux Moon), on louche souvent du côté de Sonic Youth pour le bruitisme classieux, on use aussi de trames plus claires et le chant de la « petite » fait la différence, aussi doucereux qu’effronté. Ropoporose, c’est une fratrie à l’unisson discrète autant que passionnante. On la suivra donc volontiers dans son insoumission, dans son groove polisson (Horses) et on aura du mal à décrocher de sa douzaine de morceaux calibrés, jamais obéissants. L’usage pondéré des claviers est remarquable (Holy birds), les mélodies de Ropoporose sont à tomber. De guitares nerveuses (Guizmo) en rafales de batterie (ce même titre), sans omettre les finesses chantées à deux (Skeletons), magnifiques, le duo se montre de plus en plus performant. Il est difficile à classer, indé à l’évidence mais jamais réfractaire à la visite de terres noise, kraut ou noisy. L’option est 90’s dans la dominante, mais avant tout très personnelle.
Par conséquent, le rendu est un vrai nectar pour les amateurs de l’époque citée, de trames narratives à la…Sonic Youth, encore (Transition), ou encore de chansons débridées, concises et énergiques (Spouknit). Roporose, on s’en doute, ne faiblit en aucun cas. Sa fin d’album est étincelante; posée ou faussement posée avec Barking in the park, ombrageuse avec Fished are love et ses atours à la PJ Harvey/Breeders, savamment ornée sur son ultime essai (Electric), qui s’enhardit progressivement jusqu’à réellement s’enflammer, elle enfonce de façon définitive le clou d’un frère et d’une soeur qui, dans l’union, produisent des choses merveilleuses.