Nouvel album pour Les Marquises, projet à géométrie variable d’un Jean-Sébastien Nouveau décidément inspiré. Nouvel objet singulier, finaud-obscur, musical à souhait mais exempt de normalité entravante.
Avec A night full of collapses, on marie en effet l’évident et le déviant, on s’en tient à une certaine distinction trouble et c’est ce qui fait la beauté, l’attrait de huit morceaux « sereinquiétants », façonnés par le maestro et ses collaborateurs, une nouvelle fois nombreux et décisifs. Dès Vallées closes, obsession des sons, décor feutré et gentiment « gris » s’accordent, formant un tout unique. On pénètre là en territoire défriché, dépaysant sur Lament. Nouveau se fait racé, certes, mais jette de l’ombre sur ses trames, qui tranquillement imposent leurs reflets. The beguiled et ses effluves jazzy, récurrentes sur l’album, A forest of lines et son trip-hop délicat viennent le confirmer; c’est de la grande oeuvre.
A night full of collapses est un disque qui se vit, dont on s’imprègne, que j’imagine parfait, à l’écoute, dans le noir ou dans un éclairage tamisé. Un disque climatique, expérimental sur ledit titre et nombre d’autres. Tourmenté, aussi, en certains recoins. Faussement assagi en sa fin, subtil, né d’un travail d’orfèvre sur les ambiances, les sonorités et la liberté de ton. Et révélateur, au fil des écoutes, de mille et une richesses.