Duo italien (Francesco Lurgo: programming, arrangement; Enrico Dutto: piano, casiotone, synth, additional programming), FLeUR fait dans le post-rock électronique expérimental. Avec The space between, il fait étalage de son aisance à défricher, à installer des climats sombres et sans contraintes, animés ici et là par une voix qui pose son empreinte (Daniele Brusaschetto sur Pinzimonio, puis Costanza Bellugi sur Last contact).
Le rendu est à la fois clair et grinçant, inerte ou presque et animé, ce qui crée un contraste intéressant. La paire tire déjà son épingle du jeu sur ce qui est son tout premier long jet. Lequel fait suite à l’EP Supernova, urgent star sorti en 2014. On aurait pu craindre l’ennui tant on sait le style répétitif; il n’en est rien. FLeUR parvient à rendre ses climats attachants, tant leur penchants ombrageux que par leur texture sonore musicale. Dérangeants, dans le même temps finement étoffés, nuageux, grinçants aussi, ils semblent émerger de nulle part et réveillent l’imaginaire. Un brin longuets parfois (l’amorce de Aborter), ils se montrent assez riches et animés pour ne pas faire bailler. Ils dégagent par ailleurs une grande beauté (l’éponyme The space between), font « redescendre » autant qu’ils émeuvent et dérangent.
Sur Last contact, le travail sur les sons, sur les rythmes, atteint son point culminant et fait montre d’une belle unité perturbée, haut perchée, sous l’impulsion de pulsions électroniques elles aussi dérangées.