Trio strasbourgeois entre pop et trip-hop, créateur de panoramas sonores prenants et innovants, Polaroid3 sort de la mêlée avec ce Rivers qui coule de source, à la fois limpide et déviant.
A base de voix, synthés, batterie et cordes « de décor », le groupe parvient en effet à construire des compositions à la fois sombres, pénétrantes et avenantes (A word is dead, premier morceau d’une série de dix), porteuses d’un léger ombrage (Kate). Sa science du détail sonore est évidente, sa propension à sortir des sentiers battus pas moins. Il possède, visiblement, son approche, aventureuse, rigoureuse cependant. Ses cordes affolent ses ritournelles (Rivers), se font, plus loin, grandiloquentes tout en effectuant des loopings (You must go on). Des encarts électroniques amènent ce surplus de groove qui au détour de quelques chansons s’emballe et nous emballe.
Polaroid3 fait partie de ces groupes discrets mais gagnant à être connus. Il n’hésite jamais à s’encanailler, regagne ça et là (What a wave must be) une belle sérénité. Ses clairs-obscurs font mouche (The sign seeker), ses motifs soniques les imitent l’instant suivant (un entraînant Invoke, magique). Mitroviça bridge est de cette même veine alerte et ombrageuse avant de devenir plus lumineuse; on ne doute alors plus de l’excellence du projet. Que Cachette conclut dans le dépouillement, serti de sonorités chatoyantes/intrigantes, puis en suivant des basses profondes couplée aux cordes et ce, de façon captivante et en haussant le rythme. A l’image d’un album jamais pris en défaut d’un point de vue qualitatif.