Troubadours randonneurs, folk alpin incantatoire; les titres donnés à Facteurs Chevaux, paire constituée d’un Sammy Decoster et d’un Fabien Guidollet aspirant à la fuite et à l’isolement, étonnent.
A l’écoute, on comprend soudain mieux la nature de ces descriptions. Les deux hommes, repliés en milieu boisé ainsi que dans une église, signent en effet des essais subtils et joliment narrés, sombres, en certains endroits, dans leur vêture (Les renards). La maison sous les eaux, le disque ainsi conçu, invite forcément à l’introspection, il suinte l’authenticité. Intimiste, la rencontre est salutaire, salvatrice, pour les deux hommes, et musicalement étincelante. On ne recourt à aucun artifice, guitares et voix suffisant à générer l’évasion. La magie opère, Facteurs chevaux dépeint avec éclat, un éclat obscur et amer, des choses que ses chansons atténuent ou exacerbent, ou pansent, dans la cohérence. C’est l’aventure, celle que le duo s’impose, nous impose. Au vu du parcours antérieur de nos hommes, on ne s’en étonnera guère mais c’est là un témoignage presque poignant, intense (La maison sous les eaux) qui nous est livré en l’occurrence. On remarque le minimalisme du jeu, la portée des mots, leur poésie désenchantée.
L’opus est protecteur, véritable abri, à l’image de If le grand if, contre le tumulte et la frénésie. D’une paix troublée, Facteurs chevaux revient à une réelle sérénité, née des éléments naturels, et nous entraîne dans sa quête, au son apaisé et habité (Divin déchet) de ses ritournelles folk addictives.