Emancipés de leur groupe d’appartenance Montgomery, Benjamin Ledauphin (chant-guitare) et Yoann Buffeteau (batterie) créent Monstromery, monstre noise à la fois brut dans le son et aérien dans le chant (Psaume), et en profitent pour sortir cet album éponyme qui inclut neuf morceaux jamais inertes.
Entre noise donc, élans stoner et mélopées chantées, les rennais font leurs preuves et démontrent que l’idée de s’associer autour d’un projet différent était judicieuse. Accalmies soignées (Furie), fracas noise asséné souligné par une voix grave (Les machines), inclusion de passages tempérés: la paire réussit dans son entreprise. Riffs secs et assauts de la batterie se donnent le change (Crépuscule, Les légions), on est avec Monstromery dans des eaux agitées mais pas dénuées de style. Une fois le tout ingurgité, c’est un vrai bon opus qu’on tient en mains tout comme ses géniteurs le maîtrisent tant dans le chaos que dans les parties posées ou sous-tendues. On y trouve, aussi, des sonorités originales (La montagne), on y pose des ritournelles sereines et le tour est joué avec un certain brio.
La nuit trace, le contenu est noisy, rapide, en aucun cas convenu. Et le long format de Caïman en remet une cuillerée dans le rayon chant doux et climat fait de quiétude apparente, avant de se faire brièvement plus grinçant. En terminaison, donc, à un disque aussi inattendu que singulier et accompli.