Louvoyante et exotique, presque tropical parfois (Old skin), la musique des parisiens de Caandides surprend, déconcerte même si l’on se montre peu persévérant, et dépayse.
Ce 20° 30′ S 29° 20′ W demande donc logiquement un effort d’assimilation; tout y est trituré, « flouté » et traficoté avec brio, pour un résultat hybride et inclassable qui au final enchante son monde. Le rendu évoque certains groupes datés, issus des late 70’s ou early 80’s, qui de façon délibéraient quittaient les sentiers battus pour ériger de nouvelles matières sonores. On y groove dans la coolitude (Winter VI), les voix deviennent brumeuses, détournées tout en se frottant à un chant « conventionnel » (Niine) et les instruments méconnaissables. Divers samples viennent se greffer à un genre aux limites du nouveau, attractif au possible dès lors qu’on en a pris la mesure. L’album est donc d’un apport non négligeable dans le sens où, loin de se contenter de reprendre des trames usées, il innove.
A certains moments, ce sont les chemins de traverse d’Ariel Pink qui peuvent resurgir mais visiblement, les cinq franciliens ont pour but de défricher leurs propres terres. Winter XIII les voit faire dans l’euphorie mélodique répétitive, donc entêtante, Black mass se fait lui cosmique et barré. On tente, on déjante et on expérimente pour un contenu dont la bizarrerie inspirée en fait un bien belle chose. Zero est soutenu, bardé de sons fous qui s’entrechoquent, vivace et aérien dans le même élan fou. A l’image d’un groupe sans normes, précieux de par ce qu’il s’attache à inventer.