Projet du Suédois Vincent Stockholm, Early Spring Horses offre avec What the wood whispers to itself un superbe opus, sensible mais troublé, animé autant par la beauté du chant (Chaos in my house) que par l’allégorie des ornements. Déviants mais sans y perdre leur auditoire potentiel, les neuf morceaux du disque sont autant d’incitation à l’immersion, dans le sillage de l’élégance confondante d’Early spring horses, premier morceau merveilleux aux pouls electroïde entêtant.
Musicalement, le produit est subtil, ouvragé avec une passion qu’on vit presque à l’écoute. Across the roaring forties lui emboîte le pas dans une veine sinueuse similaire, mêlant sérénité de la voix et arrière-plan à la fois beau et tourmenté. Suit Ariel; chant émotionnel, pur, fond aussi clair que « pluvieux », rythme doux et pourtant présent. Stockholm a tout en main pour séduire dans l’ombre et imposer un domaine prenant. Douceur et déchirement s’y confondent, le minimalisme y est de mise et le propos demeure accessible. On n’en décroche donc pas, sur The bark le penchant serein d’Early Spring Horses prédomine mais l’electro nuageuse-animée de Vintersolstand rajoute un léger ombrage à l’ouvrage. On y remarque la pertinence des décors, la sobriété de l’étoffage. Et passé un Can you escape trop court pour séduire de façon tangible, Voyager’s trail conclut avec le pouvoir d’attraction qui caractérise l’opus, à renfort de cordes inquiétantes qui font écho, d’une façon à nouveau remarquable, à l’organe vocal de Stockholm.