Alliance de l’expérimenté et très productif Francis Esteves (EXPerience, Binary Audio Misfits, fondation de son label Dora Dorovitch dédié au alt-rap puis de son projet personnel We are Disco Doom Revenge) et du poète-slammeur Zedrine, Dum Spiro apporte un plus de taille, avec ce premier album nommé Hors chant, à la scène spoken-word de l’hexagone.
En effet, les climats créés, l’allant de beaucoup des titres livrés (un excellentissime Run for your life avec Swordplay au micro) font mouche tout en prenant verbalement la mouche.L’instrumentation d’Esteves -le gars sait faire et ça s’entend tout comme ça se ressent- et la poésie urbaine profonde de Zedrine font mieux que cohabiter. Elle rêve est, à l’image de bon nombre de morceaux de l’album, évocateur, souillé par des guitares acides. On fluctue entre atmosphères nappées de cordes (Between the lines), saccadées, et soubresauts plus rock réellement aboutis, irréprochables d’un point de vue qualitatif (le bourru S’envoler).
On pense à Diabologum, à EXPerience bien entendu, au catalogue Dora Dorovitch aussi; le duo en restitue l’excellence littéraire et musicale, délibérément décalée. Encore un rêve et sa pulsation electro, Les mâts chancellent et son bel ornement, ses saccades rythmiques, Combien de vies (ft. Chief TheDoomsdayDevice & Brzowski) et son décor somptueux sont autant d’occasions de se réjouir, d’entériner l’habileté de Dum Spiro et la pertinence de son labeur, de ses collaborations aussi. Mazra et son ambiance planante, son dépaysement, puis dans ses pas orientalisants ce Future part non moins concluant de par sa lettre et ses atours le confirment; Dum Spiro a enfanté avec son opus initial une oeuvre majeure.
Celle-ci s’achève d’ailleurs sans faiblir, entre la trame sombre de Poudre de rien et Des animaux bizarres, dernière chanson captivante et évocatrice d’un disque de haute volée.