Norvégienne, Jenny Hval signe avec Blood bitch son troisième album, où il est question…du sang qui coule naturellement. Et d’une histoire imaginaire nourrie par les films d’horreur des années 70.
Bien lui en prend puisque les dix morceaux de son oeuvre plantent des climats dont on ne s’extirpe qu’avec difficultés, aussi clairs qu’obscurs, aussi flous que lumineux et alimentés, en certains endroits, par une noirceur dont on s’éprend (The plague, Female vampire). La voix délicate et inquiétante de la Nordique fait le reste, elle se met à l’unisson d’une instrumentation singulière pour installer des ambiances saisissantes et enfanter un opus de tout premier choix. Pouls electro sur fond gothique dans ses penchants sombres, velouté d’un chant qui peut également se tendre, verser dans l’haletant; Jenny Hval dispose d’atouts qu’on ne peut négliger. Une élégance déchirée, tourmentée et poétique à la fois, lui sert d’écrin. On se sent, ici, comme dans un rêve mi-éveillé, on se laisse porter par l’allant d’un The great undressing nuageux, par les basses de ce Period piece tout aussi envoûtant.
Blood bitch est par conséquent un album qui gagne l’auditeur, l’enveloppe, lui impose un effort d’adaptation pour ensuite mieux le draper. Avec, surplus de taille, un pouvoir émotionnel conséquent.