Auteur d’une prestation bluffante au Rock en Stock de juillet dernier, à Etaples, Scarecrow avait avant cela sorti son second opus, ce The last lui aussi enivrant, taillé dans un blues hip-hop dont les toulousains détiennent le précieux secret.
Le groupe s’y positionne en effet à mi-chemin du blues des origines et d’un hip-hop millésimé; ça groove grave, ça joue plus que bien (les finesses bluesy de Suitecase blues, l’ornement de l’excellent Shake it), les interventions rappées d’Antibiotik sont remarquables et le chant de Slim Paul, éraillé, est tout bonnement fatal notamment lorsqu’il le couple à des grattes racées (Like this). La formule fonctionne sans ratés et l’éponyme The last fait d’emblée étalage de la dextérité de Scarecrow. To the beat lui succède en scratchant sévère et on a là, dans les fouilles, un exemple parfait de fusion des genres, jamais forcée. Une basse ronde enrobe par ailleurs les compos, toutes au dessus de la moyenne.
Textuellement, le propos narre des choses dignes d’intérêt et évite l’écueil de la vulgarité. La musicalité de The last en fait un album majeur, surligné par des six-cordes acidulées (Tu peux pas) et des passages blues splendides tant dans le chant que dans le jeu (Dad, Don’t mind dyin’). Voilà par conséquent un rendu unique, qui démarque ses pères. Et qu’on écoutera sans répit et sans le moindre dépit, tout en guettant les apparitions live de ces défricheurs au delà de tout soupçon.