Troupe loufoque au jazz-rock dérangé, changeant dans ses humeurs et pouvant se montrer aussi déjanté que sirupeux, classieux dans le chant (l’éponyme Ghost train, justement), Les Comptes de Korsakoff reviennent avec un nouvel album, Ghost train. Ce dernier fait suite à Projectionniste, sorti en 2014, et narre les aventures d’un personnage contraint de monter dans un train fantôme, porteur d’un livre mystérieux qui relie les personnages entre eux et provoque des rencontres.
Fourmillant d’idées, le collectif enfante ainsi un opus racé, déviant, qui ne doit rien aux structures formatées. Hautement musical, il groove et prend des airs cabaret rock jazzy dont on s’enivre, singuliers. Cuivres et piano s’associent à une instrumentation plus usuelle pour, dès Sailing out of sight, poser leurs trames agitées et distinguées. Tout ça est parfaitement conçu, on passe d’instants sereins à des déboulés bien plus nerveux sans que cela ne dénote. Elégance jazz (Monologue of the beggar), drôlerie musicale à la Primus font bon ménage. Huit titres suffisent à asseoir la portée des Comptes, qui n’en sont d’ailleurs plus à leur coup d’essai. Le jeu sur les climats est habile, l’atmosphère devient sombre et inquiétante sur l’amorce de Hour of wolf avant de gagner en impulsivité sous l’impulsion notamment de la batterie. Les cuivres se « free-isent » et on peut dire que peu de formations possèdent à ce point l’art de se démarquer.
On suit donc Les Comptes de Korsakoff dans tous les recoins de ce train, qui quitte régulièrement les rails sans jamais sombrer. Night flight (le projectionniste) et Le temps (le projectionniste) mettant fin dans cette même beauté dérangée, exécutée par des musiciens unis dans les chemins de traverse qu’ils génèrent, à un disque qui vaut le détour et mérite qu’on y revienne ensuite, fort de mille et une richesses.
Sortie de l’album le 30 septembre 2016.