La journaliste allemande devenue musicienne, Anika, avait déjà surpris son monde avec son premier album, sorti en 2010 sur Invada.
En mars 2014, ses répétitions lors de ses dates mexicaines l’amènent à croiser des producteurs locaux. En résulte Exploded View et ce premier opus éponyme prenant, ou Anika use de sa voix posée pour, en la confrontant à des trames brumeuses (One too many), enlevées parfois (l’excellent Orlando), imposer une nouvelle fois un univers auquel on succombe. Il y a dans ce que fait Exploded View du psyché, forcément « »nuageux » (Lost illusions en ouverture), hypnotique, et les compagnons occasionnels d’Anika concoctent des toiles soniques dont on ne sort pas mentalement indemne. On touche au dub, au kraut et parfois aux 2 (Call on the gods), à l’electro mais le genre qui en naît est indéfinissable.
C’est enregistré live, de façon improvisée, en une prise, et le rendu est génial, dérangé, dérangeant. Post-punk grinçant (Disco glove), sonorités dingues, groove d’une basse insistante font d’Exploded View une découverte notable. On la suit jusque dans ses essais les plus spatiaux (Stand your ground), les plus lestes aussi (No more parties in the attic), qui groovent et pulsent comme il se doit. La qualité des morceaux persiste, l’accroche des climats aussi.
Ainsi, Lark descending décolle bien haut, Gimme something descend lui dans les abîmes underground, lourd et griffu, allégé par des synthés aussi présents que décisifs. Beige fait de même, assis par son rythme et ses atours soniques, puis Killjoy termine en réinstaurant un cheminement lancinant, complétant ainsi le large panel des effets suscités par une association qu’on espère voir s’inscrire dans le temps.