On le savait fiable et fédérateur, on pouvait le présumer « en baisse » avec le passage à une seule scène -quand bien même il ne date pas de cette année- et, à l’image de beaucoup d’autres réjouissances, un budget moins conséquent…
Pas d’souci, le Murmure a trouvé la parade; plus concis, plus consistant par la même occasion, l’événement eudois a même battu son record de fréquentation pour l’édition 2016. Avec, d’emblée, un vendredi soir destiné à une assistance plus jeune, puis un off de qualité qui mit en exergue les groupes des environs (Punk-rock avec Diabolo Watts, rap avec Siak, « covers » avec Commun Accord, fanfares en déambulation, Orchestre d’Harmonie de la ville…), l’affaire était bien graduée, menée avec dextérité.
Ainsi et dans le cadre, toujours enchanteur, du château d’Eu, Tarmac Rodéo put ouvrir avec son cabaret punk fiévreux, dans le déjante classieuse ou la classe déjantée, c’est selon. L’idéal pour semer une douce folie et ambiancer cet inratable Murmure, qui enfle jusqu’à devenir distinct et « rassembleur », avec dans la foulée l’excellente prestation (la meilleure du jour?) du trio batave Bombay. Un rock grungy, sec comme un coup de trique, joué par un groupe fougueux et sans effets de manche. Et une prestation ébouriffante, bienfaisante, découpée dans le rock le plus impétueux qui puisse être.
Ceci étant fait, place à La Rue Ketanou, sans réelle surprise mais avec, comme à l’habitude, une belle propension à fédérer, à contester aussi, avec sobriété et adresse dans la formule. La foule acquiesce sans conteste, dans l’attente de l’apparition de Carribean Dandee, mené par un Joey Starr à la présence dingue, épaulé, notons-le, par un Nathy lui aussi remarquable et « sur-énergique ». Entre rap, reggae et touches rock, le duo mène à la baguette un public de toute façon acquis, et fait souffler un orage contestataire dans la cité de Seine Maritime. Le tout avec la maestria d’une paire très « Authentik », à l’heure des 25 ans de cet opus rageur et remonté.
La pluralité est donc de mise, la diversité fait la différence et au moment ou Yellam assure un set reggae rodé, en conclusion, le doute n’est plus permis; plébiscité, son concert assied la légitimité de ce Murmure que dorénavant, on crie haut et fort tant il fait, ici et ailleurs, une indéniable unanimité.
Photos William Dumont.