Trio lyonnais, Icsis a pour première qualité d’expérimenter, de malaxer noise, no-wave et chants mêlés, le tout sous couvert d’electro et d’énergie punky.
Ce nouvel essai, Pierre vide eau, narre en Chinois et en Anglais une épopée dans le cosmos, engendrant toute forme de vie et au sein de laquelle les principes énergétiques sont sublimés par la grue, le tigre, le serpent ou encore le dragon…pour prendre fin dans l’au-delà. Il s’agit donc d’une oeuvre loufoque mais aboutie, sans règle établie mais avec une réelle identité et, surtout, efficiente dans le rendu. On y allie le sucré dans le chant, l’exalté (Birth), on y change régulièrement d’ambiance et de direction sans porter atteinte à la qualité des chansons. Le côté sauvage et dépaysant rappelle The Ex, des ruades électriques (Tigre) associés à des sons dingues font dévier le tout allègrement.
Le style est donc indéfinissable, fou, insoumis évidemment. Dark matter, qui ouvre le bal, est un parfait exemple d’équilibre, incertain, entre finesse et coups de semonce. Il y a du Sonic Youth dans les climats, obscurs, grinçants. On ne s’étonne pas de retrouver Icsis sur le label Dur et Doux, dédié aux musiques hybrides et mariant, comme son nom l’indique, le dur et le doux. C’est chose faite, et bien faite, ici; c’est même dansant et tribal, orientalisant (Léopard). Les longs formats, dominants, sont intéressants de bout en bout. En fin de parcours, Death renvoie une sérénité instrumentale troublante et troublée, les chants s’y complètent à merveille, venant conclure avec brio un album anti-commercial de haute volée.