Issu du label expérimental Zéro égal petit intérieur, Dernière Transmission réunit Emmanuel Boeuf (Emboe, Sons of Frida), Guillaume Collet (Horse temple, Rome buyce night) et Jérôme Orsoni (Rome buyce night, o! Jérôme).
Ce premier album éponyme, enregistré live, est l’amalgame parfait et aventureux, mais cohérent, entre voix narratives, machines et guitares qui bruitent. Une forme de post-punk noisy ou bruitiste, « maison », qui doit à tout sauf à la normalité. Le discours est minimal dans la diction comme dans l’étayage, il fait mouche de par sa singularité et son côté aride, dénudé et, au delà de ça, bien étayé. L’orientation est no-wave mais s’avère pertinente, dégage des climats grinçants (Flammes et feux), une poésie déviante foutrement accrocheuse.
L’orage peut poindre sans éclater (Seule façon de vivre avant de disparaître), ailleurs des gimmicks efficients font la différence (Stries de France). Le chant d’Orsoni, ses histoires de vie retiennent l’intérêt. Apprendre à commencer fait dans le noisy inquiétant, Est-il besoin de se lever encore? est urgent, assombri à l’image de bon nombre d’autres essais. Le refrain crée l’addiction et passé La colonisation de l’imaginaire, lancinant et bardé de sons « autres », les huit minutes de La grande communion, ultime excellente « chanson » (on en dépasse largement, ici, le format « installé »), imposent une dernière fois la folie stylistique du trio et son inventivité sonique. Pour un rendu dont l’insoumission et le refus d’emprunter les sentiers battus et rebattus génère un opus qualitatif à souhait.