Vu récemment à la Lune des Pirates d’Amiens, en ouverture de Birth of Joy -ce qui n’est déjà pas rien-, où il s’était déjà distingué, Baptizein & Secret Yolk, trio sedanais ne connaissant pas la concession, parvient sur ce cinq titres, We’re tryin’ somethin’, à se hisser au même niveau que son live, arraché, intense.
Son psyché-garage bluesy, dépoli, frappe fort d’entrée avec l’hypnotique Soldier, lent et griffu, obsédant de par la répétition de son climat. On se trouve, avec le combo de Baptiste Béthune, dans une déviance sonore underground, obscure et allumée, qui fait son effet. Forget est lui plus asséné, plus brut encore, marqué par des sonorités tranchantes. Les trois mecs ont le don d’investir des terrains glauques, qu’ils font leurs. La folie du leader est d’un certain apport, en phase avec ses deux compères. Let me see impose une ambiance froide et malsaine, le jeu presque « au ralenti » du groupe renforce l’impact de ses compositions. Celles-ci sont minimales, jamais démonstratives- pas le genre des gars-, laissant une empreinte indélébile, érosive même, sur l’auditeur.
New style, un peu plus loin, hausse le rythme, crée tout autant l’accroche en réitérant ses accords. Le chant perverti de Baptizein est saisissant, fou, marquant: il accompagne parfaitement la trame débridée d’un Looser terminal garage/post-punk qui confirme la fiabilité des Ardennais, dont les essais authentiques font grand bien en ces temps d’aseptisation musicale fort peu digeste.