Il est de ces groupes dont vous connaissez l’existence sans jamais, comble de l’étrange, avoir entendu leur oeuvre. C’est le cas avec The Duke Spirit, groupe formé à Londres en 2003, que je « découvre » donc avec ce somptueux Kin où interviennent des gens de la trempe de Mark Lanegan, Terry Edwards (Gallon Drunk) ou Sam Windett (Archie Bronson Outfit), le tout étant enregistré par Simon Raymonde (Bella Union, Cocteau Twins).
Le décor est donc planté et avec ce Kin, le groupe de Liela Moss mêle velouté et intensité, force et douceur, avec un foutu brio. Ca se pressent avec Blues & yellow light, intense comme aérien, éclairé par le superbe chant de la dame, puis Sonar fait usage de riffs secs pour installer une ambiance spatiale mais sous-tendue. On s’y laisse prendre, d’autant que la force des guitares nous cloue au mur tandis que le grain du chant lui apporte un contrepoint sucré-sensuel du plus bel effet. Le ton se fait plus apaisé sur Wounded wing mais on s’y ennuie pas, la « faute » à un climat prenant, sobre, qui enrobe ce chant, ce chant…
On profite ensuite de l’impact, de la tension et de la rudesse rock de Hands; Liela s’y fait plus canaille et c’est une merveille de dureté qui nous est livrée. On ne se prive pas de tempérer le contenu avec panache (Here comes the vapour), avec un sens du climat, de l’accroche qui hisse l’album vers les sommets. Climatique, mais animé, Pacific l’est d’ailleurs; en doux-amer parfait, il étend la palette de The Duke Spirit, suivi d’Anola qui renoue lui avec un mordant rock racé qu’on aimerait retrouver plus fréquemment ici tant il met en joie. On le trouve avec Side by side, direct, au tempo asséné, qui fait définitivement la « diff. La fin d’album honorera 100 horses run, posé et lancinant, orné avec soin et goût, puis Follow fera dans la pop-rock de choix, prête à sortir les griffes mais qui demeurera retenue. En conclusion donc d’un opus de qualité, équilibré aussi quand bien même on lui aurait volontiers ajouté du mordant en « bonus ».