Après un Murded (2013) déjà « trop bon », Gablé remet le couvert et signe un joli trouble (Jolly trouble) où suinte par tous les pores sonores sa folie, douce, dérangeante, exubérante, créatrice.
On s’y balade comme un dédale de genres, entre lo-fi, folk, noise et electro obsédante (Parti et ses voix qui se complètent), avec l’inclusion occasionnelle de plans ludico-loufoques. On se régale bien entendu, des spirales de sons fous agrémentent la tambouille du trio caennais qu’On purpose, morceau de début guilleret et dérangé, place sur la bonne voie; la sienne, reconnaissable. Gablé a en effet, depuis ses débuts, créé sa propre ligne et ici, on n’est pas dans la vêture proprette et fashion; c’est le dégingandé qui prime, le débraillé maîtrisé, stylé et captivant. Le délire s’étale sur treize titres, se fait souillé et irrésistiblement entraînant (Tropicool). C’est l’univers Gablé, déviant jusque sur la pochette de cet album savoureux. Wake up fait parler son intitulé en s’endiablant; il y a là un entrelac de sonorités folles dont on s’entiche, des petits plans cuivrés qui s’acoquinent avec de grosses guitares (Marvoof), un peu à la The Ex pour le coup. Gablé tient la route sur ses essais en apparence assagis (Youngsters), insère dans sa planète sonique des mélodies joyeuses.
Thinging le présente psyché mais à sa sauce, Decay sustain souffle un folk à la fois chatoyant et chaloupé, dont émerge un enrobage electro. Gablé ose et réussit tout, y compris en une fin d’album qui ne vacille pas avec Vision, electro ombrageuse aux secousses rythmiques bien placées. On en redemande et la fin survient sur les notes de Tengo, dernière chanson folk lo-fi d’un groupe sans arrêt barré et diablement performant.