Après un 10 hits wonder qui portait déjà bien son nom, puis un concert ébouriffant à la Lune des Pirates d’Amiens, Gaspard Royant revient avec ce Have you met Gaspard Royant?, aux douze chansons faites d’un détonnant mélange, distingué et énergique, entre rock 60’s et northern soul.
Avec Edwyn Collins à la prod’ et en s’assurant les services de la section cuivres des Dexy’s Midnight Runners, voilà que notre crooner aux lunettes de soleil se fend d’un second essai de haute volée déjà parfaitement lancé par Baby I’m with you, pépite soul vigoureusement cuivrée donc. Le mec a du style, vocalement il assure un superbe écrin à ses trames et suite à ce morceau introductif concluant, s’ensuit une pluie d’autres réussites implacables. Getaway, d’emblée fatal de par son refrain, affiche le même allant, des motifs justes et on remarque que les titres joués, en plus d’être alertes et animés, groovent sévère. C’est le cas, plus encore, de I club. Piquant rock et teinte soul délibérée cohabitent sans dommage aucun. Orbison et Isaak ne sont jamais loin, comme souvent exprimé dans les descriptifs liés à l’album mais ce qu’il faut retenir c’est qu’ici, Gaspard Royant cultive son propre jardin musical. Celui-ci est fait de tubes, de classe, d’ « ancienneté » adroitement reliftée, et rend un hommage de taille à ses inspirateurs, bien assimilés.
Si le Savoyard calme parfois le jeu (Here for nobody, Night in the city), ce n’est que pour mieux mettre en exergue sa dextérité dans les arrangements, la beauté d’un décor sobre et plus que présentable. On est dans un brassage cohérent et ajusté entre les genres, la fine équipe réunie pour l’occasion a parfaitement réussi dans son entreprise. New religion pourrait bien nous convertir, découpé dans cette même étoffe soul-rock épicée, solidifiée par le rock’n’roll d’antan dont Gaspard est fan. Et qui anime Hard times, essai Elvisien rude et accompli. En greffant à son registre de belles mélodies, de celles qu’on retient et chantonne, le soeur Royant est à son affaire. Quelques-uns de ses morceaux (Solo artist of the year), de ses titres d’albums même, fleurent bon la dérision, l’auto-dérision même. C’est tout à son honneur et la poursuite de l’écoute nous réserve évidemment d’autres surprises réjouissantes: Follow the rhythm et ses petits gimmicks décisifs, ses cuivres une fois encore judicieux, Solo artist of the year, justement, avec ses guitares qui cinglent liées à la prestance vocale du bonhomme et à un groove d’obédience rockab’. La classe pénètre les moindres recoins de l’opus, Speed your heart mêle velouté du chant et décor sobre, l’instant suivant Cutest in town emprunte le même procédé mais d’une manière plus rude, plus appuyée. On n’écartera rien de cet album prenant, qui prend fin dans l’éclat jazzy-soul de Summer’s gone et consacre un artiste, on le savait certes mais le constat se confirme joliment, doué et intègre.