Mystérieux quant à sa provenance, Kaouenn entretient le même « flou » quant à sa musique, probante résultante de courants divers et qu’on imagine, à la base, difficilement associables.
Sur ce disque éponyme se cognent en effet electro, traces blues et rock, trip-hop et bien d’autres choses, qui au final retombent comme par miracle sur leurs…notes. Une voix grave souligne le rendu, qui groove et se veut aussi subtil que mordant, aussi cosmique que barré, doté d’une dansabilité géniale (Black owl). On s’y perd presque, mais les méandres de l’album regorgent de bonnes idées. Passé une intro dispensable, Kill thrills et ses riffs durs comme la pierre, ses claviers aériens, inventifs, donne le ton; ici on crée, on ne s’inscrit pas dans la resucée.
Kaouenn vise donc l’élaboration de son propre domaine, il y parvient en piochant ça et là ses ingrédients, dub et tant d’autres sur Too late, incorporés par bribes et avec justesse. C’est encore l’écoute qui décrit le mieux l’ouvrage, que des guitares de choix épicent elles aussi par instants. A la première écoute, on doute. Puis on se rend à l’évidence et on s’incline devant la séduction exercée. Vocalement, soniquement aussi, il y a du Depeche Mode dans ce que fait Kaouenn (Les hiboux), mais suivant un spectre musical clairement plus étendu. Gros groove de basse couplé à des sonorités spatiales et obsédantes (Midnight knight), dub/dubstep haut perché (Nothing to say, tu parles..), traficotage décisif et intempestif de sons variés, tout est bon pour, au final, offrir un opus différent, farouchement indéfinissable. Avec ce penchant céleste agité, une vigueur récurrente et un impact lui aussi marqué, ce groove démoniaque (Unicorn), une trouée dans les nuages portée par une cadence vive et ce chant décidément séduisant (Sand dunes in a tale of sprite). Et pour conclusion un Take the road…electro-dub (?) diablement ingénieux, qui à l’image du disque qui l’inclut ne se livre pas de prime abord, comme bon nombre de réalisations de (grande) qualité.