Maintenant bien installé, tant dans sa régularité qu’en termes de lieux investis, le FAEP’stival avait pour « vedette » cette année Aaron, pour qui deux locaux (Louiz, surprenante gagnante du Tremplin tenu quinze ajours auparavant, et l’inventif Thomas Albert Francisco) se chargeaient de déblayer le terrain.
Ce fut donc chose faite avec dans un premier temps le set de Louiz, une nouvelle fois sans réelle saveur bien qu’apprécié par le parterre de proches massé devant la scène. Un titre pompé sur Fauve, pas mauvais cependant, des ritournelles « pop »-chanson prévisibles, deux ou trois textes au relief un peu plus plaisant, un petit monde certes encore en construction mais sans cachet personnel, auquel il faut de toute évidence laisser le temps de s’affranchir; voilà ce qu’il en est avant que « TAF » et son folk rude, mêlé à des boucles electro, fasse valoir lui une singularité plus affirmée.
Il est bon de retrouver le lillois d’origine au noeud pap’, désormais picard, sur les planches. Il n’a rien perdu de la créativité qui le caractérise, ses nouveaux essais laissent poindre un Français, dans le texte, dispensable, mais la qualité est au rendez-vous, appuyée par ses assauts folk vivaces et son jeu de guitare animé, inspiré aussi. Il s’est de plus départi d’une espagnolade elle aussi superflue et s’il officie ce soir et à nouveau en solo, nous aurons bientôt la surprise de le voir évoluer sous une formule groupale dont on attend beaucoup.
Mention bien, donc, comme à l’habitude, à Thomas Albert Francisco. La foule s’impatiente alors, les jeunettes trépignent avant qu’Aaron foule les planches du cirque pour, d’emblée, jouer deux morceaux énergiques, Magnetic road en bandoulière. C’est indéniable, il y a chez ce groupe une approche nouvelle, un tantinet moins « mainstream ». Il joue dans un semi-pénombre qui annonce un contenu plus sombre, traversé par des lumières elles aussi habilement repensées. Si la base est electro, Aaron y greffe de la pop, des mélodies qu’on retient et des encarts rocks forcément bienvenus. On n’est certes pas dans le génie ni dans une singularité à toute épreuve, mais le set se personnalise, de nombreux bons titres le créditent et la paire Buret-Coursier est plutôt à son avantage, épaulée par deux comparses efficaces. Ceci, c’est à souligner et tout à l’honneur du groupe, dans le refus d’une redite musicale néfaste. Temps fort bien évidemment avec U-turn (Lili), ou lors du final tenant en un Mister K acoustique, ambiance dark et attaque souvent vigoureuse, electro qui pulse; Aaron étonne et signe là un bon concert, moins « rangé », c’est là une bonne chose, que ce qu’il a pu faire auparavant. Et largement plébiscité par un cirque municipal qui, s’il est pour l’occasion bien garni, n’a toutefois pas fait le plein.
Photos William Dumont.