Team Wild est le projet d’Amélie D. Nordzee, lilloise à la folk colérique qui se manifeste ici sur les dix titres de Clear eyes, full hearts, can’t love. La nordiste y plante déjà deux banderilles enflammées; Blondie puis Thunder of anger, un peu comme si PJ Harvey avait mis les deux doigts dans la prise tout en conservant l’impact de son chant.
La tension se dément à peine sur Architecture of love and sorrow, taillé dans un folk-rock écorché, bourru sur certains passages, bien ficelé en tous les cas. On évoque à son endroit Jeffrey Lee Pierce, Kate Bush et Karen Dalton; il y a un peu de tout ça mais Team Wild, en duo puisqu’un batteur épaule Amélie, défriche ses propres terres. We are a ghetto les montre sous-tendus, armés d’une acoustique batailleuse. La paire trouve le ton idéal entre douceur et élans remontés, riffe durement sur Skin coat où le ton sec des guitares répond au chant subtil. C’est le fracas au ressenti palpable, Team Wild faisant parler son appellation sans se départir d’encarts mesurés.
On aborde alors le second volet de l’opus livré; O my broken heart s’inscrit dans une veine « home made », cadencée et on se rend compte que le duo possède une identité, un son, fougueux et pourtant sensible lorsque la voix s’assagit. Go on demon est presque tribal en son début, exhale après cela de brusques excès. Voilà un album rempli de tumulte, de sentiment aussi comme le démontre At the end of everything. Tout y est bon, le cru et saccadé Darkness speaks to me asseyant définitivement la valeur d’une paire performante, le tout assorti de sifflements bienvenus. Tout comme le sera un Fell from a tree conclusif, apaisé ou faussement posé.