Après un 9 gentiment venimeux, animé par la poésie de Xavier Plumas et valorisant un groupe fortement expérimenté, Tue-Loup récidive avec Ramo, opus apaisé -un peu trop peut-être- et qui fait pour le coup la part belle aux claviers (pianos, Fender Rhodes, orgues, synthétiseurs).
En résulte un propos serein (La haute épine, entre autres titres posés et soignés), l’amorce ayant avant cela dévoilé un Glace qui s’emporte sans excès mais de manière appréciable. Une coloration rock bridée étoffe brièvement certains essais, se pare d’éléments bluesy (In vivo) et on notera l’élégance du tout, dont émane une certaine unité. Ramo revêt des atours avenants (Empreinte), la « plume à Plumas » trouvant là un bel écrin qu’on aimerait tout de même entendre s’encanailler. Le contenu est cependant estimable, évocateur dans ce que narre le leader, fort d’élans dépaysants (Tejo) et hautement musical. Le rythme est parfois plus marqué (Bouquet contre la peur, Le tigre voyageur), mais la sagesse musicale perdure, charmeuse et parfois légèrement exaltée (Carpe diem).
Voilà un album qui, écouté avec attention et en prêtant l’écoutille aux mots, allégera les maux et soufflera tout son pouvoir de séduction, tel ce Ton frère à deux voix. Ceci en dépit d’une attitude prudente, feutrée (La forge clandestine) que le conclusif Ramo contra o medo n’écorchera pas, en amenant un penchant portugais appréciable. Comme l’est donc, et comme à l’habitude, ce disque séducteur mais à mon sens un peu trop retenu, insuffisamment « orageux ».