Découvert avec extase lors d’un récent live en milieu étudiant, MAM a pour premier mérite de ne ressembler, dans sa formule inventive et folichonne, à aucune autre formation connue.
En effet, le duo d’origine constitué de Viviane Arnoux (chant, accordéon) et François Michaud (violon, alto, voix), non content de décliner la chanson à la seule sauce de sa déviance et de sa géniale loufoquerie, s’adjoint sur cet excellent et bien nommé Human swing box les services de Norbert Lucarain (human beat box, claviers, percussions etc…), les intervenants définissant à trois les contours d’un musique sans égal identifié, folle et loufoque (New time, entre autres exemples de réussites hybrides entre chanson, jazz, electro, rock et valse enivrante).
Sur la bagatelle de quatorze titres, avec pour amorce l’electro dopée au violon d’An atoll, c’est à un voyage sonore haut en couleurs que nous convie MAM, au son de sa « swing pop » à l’accroche surprenante. On peut s’y montrer virtuose sans jamais sombrer dans le démonstratif, le groupe dégage une énergique euphorisante et fait feu de tout bois, délibérément inclassable. La sarabande de Time 4 grooves donne l’impulsion, Norbert l’enrobe de son beat-boxing imparable, accompagnant magnifiquement un François et une Viviane déjà largement à leur affaire. L’accordéon amène, en outre, un cachet daté qui fait mouche (Club five), en duel ou à l’unisson avec le violon. Ca swingue sévère, les voix prennent des chemins de traverse, s’allient dans une folie douce mais décisive (Men in steps), à l’image de l’instrumentation qui virevolte allègrement (Swing time dont l’intitulé parle de lui-même). Voilà le genre d’album dont chaque titre mérite des écoutes poussées; il en va ainsi, par exemple, de French gambettes dont les élans « folklo » cadencés suscitent la félicité, ou d’Energym avec ses sons enfantins envoûtants. En faisant dans le ludique, MAM défriche et déconstruit pour mieux construire. L’insoumission est son dada, le son son terrain de jeu. La beauté des mélopées prend la tangente des loopings soniques du trio (New time), on conçoit là une fusion des genres complètement « home made », magistrale. L’opus est à la hauteur des performances live, on soulignera la prouesse et La crise, incoercible et saccadé, enfoncera le clou de façon définitive. Avec un tel ouvrage, c’est l’addiction; il s’écoute bien plus qu’il se décrit. To do tout doux apaise de belle manière un propos agité, ébouriffant. On est, sur Human swing box, un pied dans le « rétro » et un autre dans la modernité, dans un équilibre bien campé.
Enfin, ce Mission impossible énorme (je vous mets au défi de trouver ailleurs pareille « cover »), et Ca serait bien, un peu court, y vont de leur pouvoir de séduction pour mettre un terme définitif à une série de chansons uniques, oeuvres de ces trois swingueurs fous diablement performants.