Sixième album pour Françoiz Breut qui s’évertue, accompagnée de son acolyte Stéphane Daubersy, multi-instrumentiste doué qui enrobe le verbe de la Dame de trames simples mais imaginatives, à faire de la chanson française « autre », différente.
Zoo, c’est le nom de l’album, dévoile donc une symbiose évidente; La conquête conquiert déjà l’auditeur, souple et soigné, légèrement ombrageux. On se laisse cueillir, le propos musical reste poli mais suffisamment abouti pour plaire. Gentiment virevoltant, Loon-plage fait montre de cette même élégance animée, se voit relayé par un La danse des ombres tout aussi accrocheur. Voilà de la chanson française expressive et dénuée, ou presque, d’ennui. Entre pop, chanson donc, electro par petites touches et rock mesuré, la paire complice trouve le juste dosage. Elle s’encanaille peu mais fait preuve d’une réelle identité. Son disque est poétique, beau à entendre, orné avec dextérité. L’Anglais fait même son apparition sur Deep sea river, fin, jazzy et jamais ennuyeux malgré ses penchants posés. Zoo, le titre éponyme, étale la même justesse musicale, saccadée, oeuvre d’un Stéphane Daubersy décidément décisif dans ses options minimales dans le contenu mais maximales dans l’effet produit.
Si on verrait d’un bon oeil la survenue d’envolées plus poussées, force est de reconnaître que l’album est cohérent, à l’écart de l’ennui souvent lié à la chanson française. Ici, on a l’intelligence de s’en écarter, d’y mettre de la vie sonore. C’est ce que fait l’excellent Ecran total et on notera l’apport d’Adrian Utley chez qui l’opus a été construit. On a à faire à une équipe qui sent la musique; la basse rondelette de A pic!, ses voix classieuses et sa cadence hachée le démontrent à leur tour. L’arbre, jalonné par des sonorités appréciables, doté de petits coups de semonce bienvenus, est du même niveau, l’énergie presque débridée en plus. A force d’écoutes, on saisit la richesse de Zoo. On a même droit à l’Allemand sur Morlocks und die streunerin, electro ombragée de haute volée servie par la voix narrative de Rebbekkassin.
On peut alors finir le boulot avec La proie, drapé dans de jolies cordes qui surlignent discrètement la poésie de Françoiz: cette dernière sert à l’arrivée un album à la qualité incontestable, qui donne un bel élan au genre « chanson » en le dotant de joli atours et en lui insufflant une agitation mesurée, certes, mais savamment conçue.