Avec le CROUS Amiens Picardie, l’offre culturelle est large et le Chaudron (Scène des Etudiants) fait incontestablement partie des « places fortes » locales, en termes d’événements, tout comme son voisin « campusien » du Bailly B. Cette fois, l’équipe à sans même le vouloir programmé un illustre local puisque MB14, choisi pour assurer la première partie des excellents MAM, sortait tout droit de The Voice où sa prestation en surprit plus d’un.
Il n’empêche que pour ma part, l’engouement dû à ce type d’émission engendre le circonspection et quelle ne fut pas ma stupeur en voyant, à l’issue de la prestation d’un artiste ayant le mérite de ne pas clamer sa participation à The Voice, ou de le faire avec humour et intelligence, de voir une large frange de l’assistance prendre la poudre d’escampette.
Mais revenons au live de l’amienois, varié, à la formule inédite et, j’insiste, jouée live (voix et loopstation lui suffisent à créer un univers saisissant). Une « voice », il en a bien une, qu’il traficote allègrement et avec dextérité. Ce faisant, il embarque son auditoire dans des colorations musicales diverses, invente presque de nouvelles contrées sonores et génère l’enthousiasme de ces spectateurs qui, même en dépit du son boeuf final avec MAM, bouderont ces derniers. D’un point de vue musical, c’est assez captivant, très personnel; MB 14 « boucle » adroitement, impose ses textures sonores et plante des ambiances qui transportent. Le tout avec passion et modestie. Un set de choix donc, avec pour final cette jam avec MAM qui va ensuite, à l’instar de MB14, signer un concert de grande qualité.
Chez ce trio hors-normes, expérimental mais sans nous y perdre, violon (François Michaud) et accordéon (Viviane Arnoux) se télescopent à la human beatbox de Norbert « Touski » Lucarain, génial d’inventivité. Avec MAM, Dame Musique n’y retrouve plus ses petits, on ne sait plus où on est du point de vue stylistique et pourtant tout, ici, est génialement mêlé. Ca swingue sévère, c’est tout à la fois pop, chanson, electro et doté d’un charme rétro indéniable. Avec, aussi, des plans jazzy et funky bien ficelés et de petits airs de valse « maison ». Cette clique de défricheurs est à son affaire sur scène, dans une vigueur déviante aux voix associées parfois délicieusement loufoques. Dans la communion avec un public au sein duquel se trémoussent quelques étudiantes à la joie visible, MAM démontre sa capacité à réjouir et à explorer un terrain sonore individuel hautement recommandable, à l’écart de toute norme restrictive, en « human swing box » irrésistible. Magnifique, en conclusion d’un Concert Découverte portant diablement bien son nom.