Après une « jeune pousse » plutôt rock et déjà aguerrie en dépit d’un dernier opus mitigé (Izia), le Winter Groove abbevillois, appelé à devenir incontournable, accueillait ce samedi soir un « vétéran » de la scène reggae, penseur lucide et véritable guerrier idéologique, ceci en faveur évidemment du vivre ensemble harmonieux.
Alpha Blondy, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’est dans un premier temps fait attendre. Le temps parut long, le public restant cependant en paix -c’était de toute façon le message premier de la soirée- avant que n’apparaisse la légende, accompagnée de son groupe, Solar System, qui se lance dans une introduction précédant ses premiers pas sur la scène du théâtre municipal. D’emblée, ça joue et Alpha empoigne des pognes, déblatère avec intelligence sur des sujets sociétaux d’importance, chante et bouge comme s’il avait encore 20 ans. Ou presque. La salle est dans la communion et un constat s’impose: si une partie des morceaux joués est strictement reggae, l’instrumentation dévoile quelques pointes rock ou bluesy, quelques envolées cuivrées aussi, qui épicent le registre avec une belle efficacité.
Le set d’Alpha n’est pas uniforme et de surcroît, il inclut bon nombre de titres-phare. Vigoureux, porteur d’une casquette blanche puis d’un bonnet jamaïcain, élégant dans un costume coloré, l’homme aux messages pensés s’illustre, parfaitement épaulé par ses choristes et ce Solar System très au point. Ca groove, la foule ondule; il est beau ce théâtre abbevillois, plus encore dans l’élan d’un tel événement. Malgré une reprise à mon sens dispensable du Wish you were here de Pink Floyd lors des rappels, conclus par le mythique Brigadier sabari, l’ivoirien signe un concert de haut niveau, à la parole influente. On l’écoute avec attention dans le chant comme dans la revendication. Il s’appuie sur une discographie fournie et porteuse, plongeant dans la félicité une salle bondée, superbe, qu’on aime à fréquenter. Et heureuse, revigorée qu’elle est par le passage marquant d’un Alpha Blondy surprenant de vitalité.
Photos William Dumont.