Groupe lyonnais au chanteur éthiopien, uKanDanZ s’inscrit en toute logique dans un créneau unique, qu’il définit comme « ethiopian crunch music ». Déjà géniale sur l’effort précédent, la mixture du quintette rhodanien fait à nouveau mouche sur Awo, album fraîchement sorti et qui, d’emblée, accouple jazz sauvage et rock débridé, noise et racé, dépaysant de par l’organe de son chanteur (Tchueten bestsemu).
uKanDanZ joue donc une musique hybride et unique, portée par les cuivres et significative d’un bel ensemble, cohérent et sans réelles limites. Lantchi biye prend des atours plus feutrés avant de lui aussi s’embarquer dans des embardées rageuses, ceci sans y perdre de sa classe. On aime ce genre de groupe, rare donc précieux, pour son audace et son côté inclassable, ses orientations inédites. Groovy et dissonant, il transporte, secoue et offre une copie métissée, que Sewotch men yelalu relève avec ses assauts de cuivres et ses riffs ardents, sa rythmique sans failles. On y trouve du blues, le bourru du stoner et tout cela est parfaitement fusionné. La folie des cuivres, déchirés, magiques (Ende Iyerusalem), le côté dansant, mais dans la déviance, du groupe en font tout simplement un indispensable.
S’il n’inclut que six titres, l’opus est excellent et quelque part, mieux vaut passionner en six morceaux que barber en dix dont la moitié font bailler. Ici au contraire, on reste dans une écoute captivée; Gela gela, apaisé, évoque presque Morphine, l’ex-groupe du défunt Mark Sandman à ceci près que bien évidemment, le chant diffère. On se remet à peine de ces cinq jets que les dix-sept minutes de Ambassel to Brussel 1_Wubit_Ambassel to Brussel 2, formidable épopée aux sautes d’humeur et de climats parfaitement agencées, mettent fin avec classe et panache à l’album, incontournable comme dit plus haut.