Il vaut le détour, ce Winter Groove qu’Abbeville a su développer adroitement au fil des années, à l’image de cette ville à laquelle, quand bien même on ne l’habite pas « directement », on s’attache bien vite (c’est d’ailleurs mon cas). Ainsi, après avoir encensé son premier album endiablé, usé le second jusqu’à m’user moi-même et avoir assisté à deux lives percutants de la Dame (Beauvais, avec entre autres le Heavy Trash de Jon Spencer à l’affiche, puis le Bataclan), me suis-je logiquement retrouvé à assister à son premier concert samarien, dans cette localité que j’affectionne depuis…les matchs de ‘D2″ du SCA, dans les 80’s.
Nostalgie digérée, c’était une vraie curiosité que d’assister à ce set d’Izia, puisqu’il s’agit d’elle, dans la foulée d’un album à mon sens cohérent, puisque mettant fin à sa formidable épopée rock des deux premiers opus, et lui permettant donc d’évoluer, mais surprenant de par son contenu globalement apaisé. Ce qui n’a pas empêché la diablesse d’assurer comme il se doit mais avant cela, soulignons la performance d’Un Orage, paire constituée d’une ex-Cocoon et d’un ex-Yodélice. Ce n’est pas rien et l’inattendue formation electro-pop s’est fendue pour l’occasion de quelques essais estimables, entre saveur pop, chant sucré et piquant rock occasionnel. Le carnet de route et à étayer mais l’apparition est prometteuse, Morgane Imbeaud et Xavier Caux s’appuyant sur une formule voix-claviers-guitares-programmation qui risque, à l’avenir, de refaire parler d’elle.
En formation plus élargie, c’est alors le tour de l’attachante et plutôt authentique Izia de fouler les planches et passé un début un tantinet mou du genou en dépit de sa gestuelle attractive, Izia s’est ensuite attachée avec succès, avec son « band » performant, à dynamiser les titres du dernier opus, bien représenté, assez souvent boosté comme il se doit, en les faisant cohabiter avec ses désormais indispensables offensives rock. Le puissant Let me alone, entre autres titres impactants, s’incrustant dans des rappels qu’on gardera en tête. Au fur et à mesure de son concert, devant une assistance certes déjà acquise, la fille de qui vous savez est montée en intensité, a gratifié la foule de ses danses animées, de ses habituelles interventions à l’égard d’un public qu’elle aime et qu’elle incite, tout sourire, à bien vivre. Qu’on aime ou non -j’ai personnellement apprécié malgré la légère retombée en fréquence de ses géniaux assauts rock des concerts des débuts, que j’avoue préférer-, force est de constater que ce soir encore, la prestance de l’artiste emporte l’adhésion. Avec passion et implication, elle invite à la fête, transmet son énergie et ravit séance tenante ses inconditionnels. Même ceux qui, malheureux adeptes de Victoires de la Musique contestables, reprennent en choeur ses compositions écrites dans notre langue tout en restant un peu plus inertes devant ses excellentissimes -j’insiste- attaques rock. Mission accomplie quoiqu’il en soit, incontestablement.
Photos William Dumont.