« Folkeux » de Londres, Roo Panes a connu un certain succès avec son premier album, en termes d’écoutes et de vues sur Youtube. Le constat incite, d’emblée, à la méfiance mais sur ce nouvel effort, le début ombrageux de l’Anglais paraît convaincant, folk et allégorique certes mais doté d’une atmosphère (Corner of my eye, The original). Un violon lance une douce obscurité sur Lullaby love, le contenu n’est pas dénué d’intérêt mais à l’instar de nombreuses sorties folk, il ne fait preuve que d’une audace limitée.
Roo Panes s’en tient donc à des formats prudents, sensibles mais somme toute prévisibles. Paperweights, en milieu d’album, illustrant cette attitude réservée malgré une belle et appréciable montée, bridée mais de bon aloi. L’émotion est de mise, à nu ou presque et Roo Panes gagnerait à mon sens à l’enhardir. Dans le genre, tout comme bon nombre d’autres cuvées, c’est bon mais au bout de quelques titres, on a fait le tour et l’ennui prévaut. Ca débute avec Water over fire, beau et finaud certes, mais trop, justement. Vanished into everything ne décolle pas plus. On aimerait que I was here, qui suit, fasse école avec son rythme plus alerte, son ton plus enlevé. S’il reste dans la retenue, il a au moins le mérite d’emballer quelque peu l’affaire. Il demeurera cependant isolé; Summer thunder est trop tranquille, trop « comme il faut ». Et Where I want to go ne s’écarte pas plus des sentiers folk traditionnels, en dépit de ses beaux atours, excessivement soignés peut-être, trop proprets à l’image des dix titres constituant ce Paperweights, pourtant fort d’un climat auquel on pourrait, passé l’ennui lié à l’écoute prolongée, adhérer.